Le rideau se lève, le public est là, c'est l'heure de vérité, le match va commencer. Plusieurs «personnages» cohabitent en chacun de nous. Plutôt que de donner des noms savants à ces acteurs internes, appelons-les le Maître et l'Artiste, auxquels s'associe celui qui sans doute la vedette de la performance, le Corps,
Les acteurs (Maître, Artiste, Corps) peuvent s'entendre à merveille, mais leurs relations sont souvent tendues, car ils ont des talents différents, ne veulent pas forcément la même chose et ne parlent pas toujours le même langage.
Le Maître. Il commande. Incarnant le moi raisonneur et censeur, c'est celui en nous qui réfléchit, décide de ce qui est bien ou mal, juge, condamne, interdit. C'est aussi lui qui peut donner le feu vert, ou qui est sage (parfois trop), ou qui a peur du ridicule, nous culpabilise, qui regrette, qui espère... Parfois, il se laisse dévorer par son orgueil ou, au contraire, par le manque d'estime de soi. Bref, le Maître se complique souvent la vie. En compétition ou en situation d'évaluation, il en fait trop, il réfléchit trop, ce qui le conduit fréquemment au doute. Il est parfois même submergé par l'émotion.
Les pensées parasites sont ses pensées. Porteuses de toutes les inquiétudes et défauts du Maître, tournées vers le résultat et ses conséquences, elles déconcentrent.
L'artiste. Il s'agit du moi «libéré», de notre côté spontané et instinctif. Est «artiste» celui qui ne cherche pas à tout contrôler, suit ses envies, qui aime jouer, sentir, imaginer, qui n'a pas peur du ridicule, qui est dans le moment présent. Il parle le langage des sensations et des images. L'Artiste sait communiquer avec son corps, il a le don de le rendre intelligent.
Les pensées parades sont le propre de l'Artiste. Une parade m'aide à chasser une pensée parasite et, plus généralement, à me détacher du Maître et à me concentrer, c'est-à-dire à m'appliquer sur les petites choses qui dépendent de moi.
Le Corps. C'est l'exécutant. II s'exprime de façon fluide et inspirée, ou de façon crispée et maladroite, selon qu'on le traite bien ou mal.
Celui qui sait apaiser le Maître pour laisser parler l'Artiste accède plus aisément à la créativité, à l'instinct, au calme, à la fluidité. Il ne cherche plus seulement à réaliser l'acte ou le geste, il est si absorbé par lui qu'ils ne font plus qu'un.
Le Maître pense, l'Artiste se lâche, le Corps crée..
Faire preuve de confiance en soi, au cours d'un match, c'est pouvoir envisager de gagner, même contre un adversaire coriace, avec son niveau de performance régulier. La confiance, c'est de faire confiance à son niveau de performance régulier, dans un match important; c'est ne pas croire qu'il faut faire des tonnes et être en état de grâce pour gagner.
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