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Ils ont fait appel à un coach


Des chefs d'entreprise qui ont osé le coaching nous ont livré leur expérience. Les résultats sont au rendez-vous.

Le management sans coaching, c'est comme une vie sans amour. C'est supportable, mais c'est moins bien", lâche Laurent Buratti, président de Transformance, l'un des grands cabinets de coaching sur la place de Paris qui vient de fêter ses vingt ans. De cela Yves Perrot, 41 ans, est convaincu. Il a été élu haut la main président du Centre des jeunes dirigeants (CJD) Ile-de-France. "Sans mon coach, j'aurais probablement échoué. Je n'avais rien d'un chef de bande. J'étais timide, j'avais des difficultés à engager une conversation avec des gens que je ne connaissais pas", avoue le fondateur de Devsi, une SSII de 24 salariés. Au CJD, une organisation professionnelle adepte des outils de développement personnel, nul n'a été étonné. Le précédent président n'avait-il pas, lui aussi, eu recours à un coach pour se faire élire ? En tout chef d'entreprise, il y a un "champion" qui sommeille et un "entraîneur" peut venir réveiller ses potentialités. Ce besoin d'accompagnement ne date pas d'hier. Au ve siècle avant Jésus-Christ, Socrate ne prônait-il pas : "Connais-toi toi-même" ? Aujourd'hui, du sport à la politique en passant par l'entreprise, aucun domaine n'est épargné par la vague triomphante du coaching. Au train où vont les choses, un patron sans coach sera bientôt aussi incongru qu'un dirigeant sans Blackberry. Sauf que le mode d'emploi est un peu plus subtil. Selon le Syndicat des organismes de conseil (Syntec), 90 % des sociétés du CAC 40 font appel à des coachs. Les résultats sont là et elles en redemandent. Désormais, les PME, et même les TPE, suivent le mouvement.

Viser un objectif.

Plus qu'une mode, le coaching répond à un besoin dans une société où la concurrence est rude. D'autant plus en période de crise. Prenons l'exemple de Bruno Lamblin, 43 ans, un homme d'affaires jovial, autodidacte, à la tête de la chaîne des hôtels quatre étoiles Waldorf à Paris. "Dans l'hôtellerie, les bons directeurs sont chassés à coups de salaires toujours plus alléchants et j'étais soucieux de retenir les talents. J'ai fait le point avec un coach sur mes capacités personnelles, ma vision stratégique et le management de mon équipe." Cette démarche lui a été soufflée par son frère, qui, grâce à l'appui d'un "bon" coach, a vendu le site de réservation d'hôtels fastbooking.com. Béatrice de Castilla, 43 ans, a, elle aussi, osé le coaching. "Après vingt ans de salariat, je voulais lancer ma propre boîte, mais je doutais d'avoir les compétences d'un entrepreneur. Pour m'en assurer, j'ai fait appel à un coach. Il m'a sorti de la solitude du créateur d'entreprise. Avec lui, je peux réfléchir tout haut, confronter mes idées. Nos rendez-vous sont des sas de décompression, des moments de respiration qui me ressourcent", explique cette quadra, qui a créé Culture Bees, une société spécialisée dans le conseil et la gestion de sites culturels.

S'engager sur plusieurs séances

Tout comme les psychanalystes, les coachs emploient le terme de "séance". Mais l'analogie s'arrête là. Le chef d'entreprise n'a pas à s'allonger sur un divan. D'ailleurs, il n'est pas un "patient", mais un "client", et sa relation avec le coach est à durée déterminée, à la différence de celle avec un psy. Bien entendu, il choisit son "confident" avec perspicacité (lire l'encadré page 75).C'est un choix à double sens, car le coach peut refuser la mission s'il estime que le demandeur a des problèmes qui relèvent de la compétence d'un psychothérapeute : dépression, angoisses, phobies et autres troubles mentaux. Bruno Lamblin, le patron des Waldorf de Paris, prend un premier contact avec Laurent Tylski, coach et dirigeant fondateur du cabinet Acteo, lors d'un déjeuner au Why Not - le nom du restaurant était de circonstance ! -, réfléchit puis le rappelle. Il est séduit par le charisme de cet homme souriant et chaleureux. "Nous avons défini ensemble, par contrat, le cadre de l'intervention. Nous nous sommes engagés sur neuf séances de deux heures. Elles ont eu lieu à mon bureau... porte et portable fermés !

Cela m'a coûté 8 100 euros et, depuis que j'ai fini le coaching, nous nous tutoyons, car ces rendez-vous en tête à tête ont créé des liens de sympathie entre nous", s'amuse-t-il. De son côté, Béatrice de Castilla se rend tous les quinze jours au cabinet de Daniel Fulda, dans le XVIe arrondissement de Paris. "Nous nous voyons le mardi entre 11 heures et midi et demi. Je prends des notes pendant la séance mais aussi après les séances." Rien à voir avec le psy, qu'il faut voir deux fois par semaine ! "Le coaché a besoin de temps pour intégrer ce qui a été vécu pendant la séance. Comme pour le café, il y a un processus de percolation", souligne le fringant Daniel Fulda, ancien dirigeant chez L'Oréal et Bouygues Telecom. Yves Perrot, lui, a fait alterner des séances en face à face et des entretiens au téléphone. Coach en province oblige ! "Le téléphone est un excellent outil qui permet de pointer les mots, les intonations, les silences et leurs significations", assure Eric Mercier, ancien cadre supérieur chez Bull,qui exerce depuis quatre ans à Angers. T

out de même, une heure et demie de trajet ferroviaire pour rencontrer son coach, n'est-ce pas du temps perdu ? "Bien au contraire, j'avais des exercices pratiques à faire dans le train, répond tout sourire Yves Perrot. Pour vaincre ma timidité, je devais aborder une personne et faire le plus longtemps possible la conversation avec elle. Il fallait que je fasse preuve d'humour, que je sois agréable, séduisant. Tout l'art consistait à mettre en valeur l'autre sans le flatter et en m'oubliant totalement : "Parle-moi de toi, il n'y a que cela qui t'intéresse." J'ai retenu la leçon. Mon record a été d'une heure et demie ! J'ai tenu jusqu'à l'arrivée du train."

Travailler sur soi et grandir

C'est fou, le nombre de personnes qui bossent quinze heures par jour mais n'ont jamais pris le temps de travailler... sur elles-mêmes ! Pourtant, le principal objet de travail n'est-il pas soi-même ? Sa tête, son corps, son coeur ? Un jour ou l'autre, ça coince. La crise du milieu de vie ? Béatrice de Castilla en a fait l'expérience. "Lorsque j'ai monté ma boîte, je n'arrivais pas à m'arrêter de bosser et je vivais tantôt dans l'angoisse, tantôt dans l'euphorie. Il me semblait, étant une femme, qu'il me fallait prouver deux fois plus ma compétence", analyse-t-elle. Avec Daniel Fulda, elle a appris à décrypter ses comportements, et les changements ont suivi. "J'ai pris confiance en moi. Je suis plus à l'aise avec les clients et les résultats sont encourageants."

Attention, le coach n'est ni un expert, ni un consultant ! Laurent Tylski explique : "Je ne conseille jamais un client, mais je lui apporte une écoute active. Par des questions ouvertes, la reformulation, l'effet miroir, il libère sa parole et trouve lui-même les solutions. A la différence du psy, le coach interroge sur le "comment" et non sur le "pourquoi", même si les sphères professionnelle, personnelle et intime s'entrecroisent. Une méthode qui a réussi à Bruno Lamblin : "Mes collaborateurs sont beaucoup plus motivés. Je les laisse exposer leurs idées et j'anticipe leurs demandes en leur donnant de la visibilité sur leur carrière à court terme. Je me sens serein, détendu. J'ai l'impression d'avoir la maturité d'un homme de 70 ans !"

A moins d'être autiste, l'entourage s'aperçoit vite que le boss ne fonctionne plus de la même manière et certains cadres osent, à leur tour, demander un coaching. Yves Perrot a terminé ses séances avec Eric Mercier. Toutefois, il tient à poursuivre ses exercices. Ce n'est plus une corvée, mais un jeu. "J'ai appelé Bernard Tapie sur son portable. Il m'a raccroché au nez, mais je suis prêt à l'appeler dix fois s'il le faut !" Sur le modèle capitaliste de l'entreprise, le coaching ne vise-t-il pas à "rentabiliser" le comportement du dirigeant ? Reste que le meilleur cadeau, c'est que le patron soit bien dans sa peau. Tout le monde peut en profiter.

Une offre pléthorique à tous les prix

Les coachs interviennent dans 90 % des sociétés du CAC 40. Et désormais auprès des dirigeants de PME. Leur nombre (4 000 en France) incite à faire son choix avec prudence. Le coaching d'un dirigeant coûte de 3 000 à 10 000 euros, soit de 300à 700 euros par heure. Compter entre huit et quinze séances d'une heure à deux heures sur une période de six mois à un an.

Comment choisir un "bon" coach ?

Le feeling ne suffit pas pour choisir son coach. Vous devez rencontrer au moins trois professionnels et leur poser des questions sur leur formation et leurs méthodes de travail. 1. Le coach a fait un travail sur lui-même (psychothérapie, psychanalyse, stages de développement personnel) et dispose au moins de trois outils pour coacher ses clients (analyse transactionnelle, PNL, gestalt, approche systémique...). 2. Diplômé d'une grande école ou d'une université, il est issu du monde de l'entreprise et a exercé des fonctions de dirigeant. 3. Il s'est formé dans une école de coaching reconnue : l'Académie de coaching, le DESU de Paris-VIII, HEC, Transformance, Mosaic, Médiat-coaching, Paris-II... 4. Il est agréé par une organisation professionnelle dont il a adopté la charte de déontologie : - la Société française de coaching (SFcoach) : www.sfcoach.org - l'International Coach Federation (ICF)- : www.coachfederation.fr - l'Association européenne de coaching (AEC) : www.aecoaching.eu - le Syndicat des organismes de conseil (Syntec) : www.syntec.evolution-professionnelle.com- EMCC Association Européenne de coaching : www.emccfrance.org 5. Il se fait régulièrement superviser par un pair, dont il peut fournir les coordonnées. 6. Il a pour seule (ou principale) activité le coaching et une expérience de plusieurs années. 7. Lors du premier rendez-vous, il aborde sa future mission avec méthode et s'engage à la confidentialité.


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