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16 févr. 20196 Min

Le besoin de reconnaissance

L’apparence est un critère important parmi les préoccupations de beaucoup d’entre nous et pour certaines personnes plus que d’autres. Celles qui sont en besoin de reconnaissance se préoccupent davantage de comment bien paraître car derrière, se cachent des manques qui cherchent à être comblés.

Pour trouver de la considération et de l’estime dans le regard de l’autre, certaines affichent une « image de façade », s’habillant selon la circonstance et adoptant des comportements de rigueur pour être conformes à la norme et aux exigences sociales de cette société de

« l’image ».

Pour se faire apprécier, ils leur faut ne pas déplaire et du coup, elles répondent aux attentes et désirs de l’autre, en se « niant » au besoin quelques fois.

Alors qu'il y en a qui se « fondent » dans le moule pour ne pas se sentir sous le « feu des projecteurs », d’autres au contraire pour attirer l’attention, vont adopter des comportements particuliers, voir même provocateurs ou exubérants.

D’autres encore, vont se dévaloriser ou se sentir indignes d’être aimés...Ainsi par exemple, pour se faire remarquer ou pour masquer leur mal-être, certains feront des pitreries, d’autres l’exprimeront en « sur-jouant » pour masquer une dévalorisation…

D’autres encore, chercheront à se faire accepter en étant d’une gentillesse extrême..., à chacun sa manière d’être présent au monde me direz-vous.

Ce qui caractérise toutes ces personnes est un besoin de reconnaissance qu’elles cherchent parfois « désespérément » à travers le regard de l’autre, pour se sentir aimées, considérées, valorisées, sécurisées, acceptées…

Elles ont souvent bien du mal à s’affirmer, à être en accord avec ce qu’elles sont ou ce qu’elles ressentent intérieurement. La raison à cela est la peur du jugement, la peur de déplaire, de ce que va penser l’autre, car elles sont sensibles à la manière dont elles sont perçues.

Combien d’entre elles aimeraient se montrer sans artifice, dans tous leurs états, sans avoir à se cacher derrière une apparence. Mais elles ont beaucoup de mal à cela, car même lorsqu’elles veulent s’affirmer, leur inquiétude demeure, par peur d’être jugées ou de déplaire.

Nos propres jugements nous font imaginer tout un tas de scénarios de ce que pourrait penser l’autre, ce qui bloque toute initiative : « si je fais ceci ou cela, l’autre va penser de moi…. ». Personne ne peut savoir ce que pense l’autre, ni même comment il peut réagir, sa réaction peut être celle que nous n’attendions pas et elle peut également bien nous surprendre.

Le besoin de reconnaissance a t'il un lien avec le manque d’estime de soi, estime qui se « construit » durant l’enfance ?

L’estime de soi se construit selon la manière dont les parents et/ou les proches posent le regard sur l’enfant, lequel influence la manière dont l’enfant se perçoit lui-même. S’il se sent accepté, aimé, choyé, entouré, protégé, sécurisé…, il se sentira ayant de la valeur et digne d’être aimé, ce qui lui donnera une plutôt bonne estime de lui-même.

S’il acquiert une faible estime de lui, il se peut qu’il soit en proie au doute, manquant de confiance en lui et qu’il soit vulnérable au regard de l’autre, au travers duquel il se perçoit et dans lequel il cherche une reconnaissance.

En proie à la critique ou à l’éloge, à la tolérance ou l’intolérance…, ce regard lui parait rassurant ou menaçant. S’il a une tendance à se dévaloriser, ne se sentant pas à la « hauteur », il peut se dire qu’il est nul et se sentir rejeté. Il sera affecté par son propre jugement qu’il rencontrera dans le regard de l’autre, sans avoir conscience que c’est lui-même qui renvoie cette image. De ses blessures de l‘enfance, en ressort une dépendance au regard de l’autre de laquelle il aura du mal à se détacher, car il aura besoin de se sentir exister dans ce regard.

Donner de l’importance au regard de l’autre, c’est lui donner du pouvoir sur soi.

Le « pouvoir » que nous lui accordons est parfois tel, que nous le laissons influencer nos actions. S’en remettre au regard de l’autre, c’est lui permettre d’émettre à notre encontre un jugement et de déterminer notre « valeur ». En donnant du crédit à son jugement, c’est aussi d’une certaine manière se « décrédibiliser » à nos yeux et manquer d’affirmation de soi.

Si la peur du jugement nous habite, n’est-ce pas parce que nous-mêmes sommes dans le jugement de l’autre et l’auto jugement, dans ce qui est « bien » ou « mal »?

Le regard de l’autre est le miroir de ce qui nous habite, il est le reflet de notre propre jugement et évaluation. Il est le révélateur de nos blocages, de nos fêlures, de nos dévalorisations et de notre système de pensées où il y a cette même propension, comme chez l’autre, à juger autrui.

Ce regard nous révèle, ce que nous n’osons pas regarder en soi, nos culpabilités, nos peurs, nos doutes, nos échecs, nos dévalorisations, nos refus, notre vision « positive » ou « négative » de soi et du monde…. Nous sommes face à une dualité : « moi et les autres », favorable/défavorable, rassurant/menaçant, sympathique/antipathique, plaisant/déplaisant…, en proie à la critique ou à l’éloge.

Sans connaissance de notre histoire personnelle, l’autre ne peut être objectif dans ses jugements envers nous. Il perçoit des aspects de notre personnalité et l’image que nous lui renvoyons, varie selon les circonstances de la vie. Il ne peut juger qu’en fonction de sa propre histoire, et son jugement et/ou regard dépendent de l’écho que cela connecte en lui (de ce que nous lui renvoyons).

Si nous sommes en phase avec ce que nous sommes et ce que nous dégageons, et ce quel que soit le regard que l’on nous porte, il nous appartient alors de donner ou pas, d’importance à ce regard. Nous avons simplement à l’accueillir avec détachement, manière de ne pas être ou de se laisser identifier à lui. Il nous appartient surtout d’améliorer l’estime de soi pour ne plus être affecté par le regard qui nous est porté. S’estimer, n’est-ce pas se reconnaître, s’apporter soi-même cette reconnaissance qui parfois fait défaut?

La précarité professionnelle et financière que beaucoup d’individus rencontrent avec la crise actuelle, génère des incertitudes et angoisses concernant l’avenir, d’où une perte d’estime de soi pour certains.

En « s’émancipant » du regard de l’autre, nous gagnons en liberté d’être.

Il est ici question de se libérer de « l’attachement » du regard de l’autre, d’arriver au lâcher-prise pour se sentir libéré de cette emprise. Cela revient à s’émanciper de ce qui domine notre esprit et l’obscurcit.

Ce que j’appelle s’émanciper du regard de l’autre, c’est accepter que ce regard soit parfois « critique », peu ou pas aimant et qu’il ait une perception peu plaisante de nous. De la même manière que nous acceptons avec joie ce qui nous plait, n’avons-nous pas aussi à accepter ce qui nous déplaît ? Si nous sommes affectés par ce regard, n’avons-nous pas à nous interroger sur ce qui a été touché en nous ? Si notre propre regard sur nous, n’est pas ou peu aimant, il n’y a rien d’étonnant à cela, que le regard de l’autre vienne en miroir, en réponse à cette image que nous avons de nous.

S’affranchir du regard de l’autre demande de faire un travail sur soi, de faire l’analyse de nos blocages; angoisses, peurs, sentiments, etc., mais aussi d’entraîner notre esprit à une nouvelle façon de percevoir positivement le monde qui nous entoure.

Nous devons apprendre à mieux nous connaître, à « entendre » ce qui résonne au plus profond de nous, à identifier nos forces et nos faiblesses et à « lâcher » les croyances qui nous limitent. N’aurions-nous pas à reconsidérer par exemple que ce, que nous pensons être comme étant un échec, serait une expérience à travers laquelle chacun expérimente la vie pour son apprentissage?

Il nous faut donc avoir le courage de mettre un terme à tout ce qui peut nous causer du tourment et de s’affranchir de toute dépendance, terrain propice au mal-être. Nous devons apprendre à nous écouter, nous respecter et à nous ouvrir aux autres, en assumant ce que nous sommes, quitte à déplaire.

Ce qui compte surtout, c’est de gagner en estime de soi, qui permet de retrouver la confiance en soi. Poser un regard bienveillant sur soi, implique d’accepter toutes les parties, tant nos parts d’ombre que de lumière, en s’acceptant tels que nous sommes. L’acceptation de soi nous unifie à nous-mêmes !

"C'est parce qu'on imagine simultanément tous les pas qu'on devrait faire qu'on se décourage, alors qu'il s'agit de les aligner un à un." (Marcel Jouhandeau)

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